Visite d’une maison mythique !

À Los Angeles, visite d’une maison mythique de John Lautner

À Los Angeles, les maisons de John Lautner traversent les époques et les histoires. Celle-ci, construite autour d’un chêne somptueux, est mise en scène par les décorateurs de Commune pour un publicitaire anglais.

La Schaffer House, bâtie en 1949, alterne verre et angles droits. Sur la terrasse qui court autour de la maison, deux chaises d’extérieur Salterini vintage (JF Chen) encadrent une table basse en métal et mosaïque (The Window). Sculpture de Robert Hardy (C Project).

Au nord de Los Angeles, le quartier de Glendale semble peu se soucier des palmiers de l’âge d’or hollywoodien ou de l’océan Pacifique qui borde les nombreux clichés de Venice Beach et Santa Monica. Ici, au creux des montagnes, la vie prend forme paisiblement, alternant zones résidentielles et petits commerces devant lesquels errent quelques Angelinos à la recherche de la discrète Cabañita, restaurant célèbre pour les amateurs de tacos à cete latitude. Si, à l’aube des années 1950, le couple Schaffer ne succombait pas encore à ces plaisirs mexicains, il venait volontiers jusqu’ici pour profiter d’une sieste à l’ombre de leur chêne californien. Un arbre pour lequel ils auraient, dit-on, acheté le terrain, puis demandé au jeune John Lautner de bâtir une maison pour prolonger ces précieux instants.

Dans le salon, l’architecte a laissé l’ossature de brique apparente et travaillé avec des claustras de bois pour créer une circulation et délimiter les espaces. Sur le tapis en soie et chanvre (Commune for Decorative Carpets), un canapé et des fauteuils de Frits Henningsen (JF Chen) avec leurs coussins en soie (Blackman Cruz). Guéridon en bois et métal de Michael Wilson (JF Chen), suspension vintage d’Alvar Aalto (Galerie Half). À droite, la lampe en bois peint est attribuée à Charlotte Moss (JF Chen) Compositions florales Lily Lodge, West Hollywood.

Architecte était alors bercé par les idéaux de Frank Lloyd Wright, auprès duquel il fut formé et débuta sa carrière. Point de courbes spectaculaires ou de voûtes en béton futuristes. Ici, les panneaux de pin rouge s’arrêtent où démarrent ceux en verre, les murs s’interrompent où l’arbre prend racine. Une articulation singulière qui n’a pas échappé à l’œil du styliste Tom Ford qui filma la maison jusqu’à l’obsession dans son premier film, A Single Man. Après avoir abrité la vie heureuse d’un couple, elle devenait, sur la pellicule, le livre de souvenirs d’un autre, séparé par la tragédie.

Dans la cuisine, restaurée dans les moindres détails, au premier plan, une petite lampe bleue de Victoria Morris (Commune), des noix de coco montées sur tige (Galerie Half) et un fauteuil en cuir et métal de Jacques Adnet (JF Chen). Sur une étagère, des moulins à poivre en bois de Jens Quistgaard (JF Chen).

Le livre fictif se referma ensuite, laissant la maison inoccupée jusqu’à ce qu’un publicitaire britannique ne tombe dessus dans la vitrine d’une agence immobilière. Quitter le ciel gris londonien, traverser l’Atlantique, découvrir la lumière de Los Angeles et signer l’ace de vente d’une maison signée John Lautner… les contours d’une légende en Technicolor ne sont pas loin.

Gros plan sur l’une des étagères, où sont rangés, de haut en bas, un vase en céramique de la dynastie Han (JF Chen), un service en céramique bleue (Heath Ceramics) et un plat en argent d’origine égyptienne (Blackman Cruz).

Mais la réalité est plus belle, surtout lorsqu’elle est mise en scène par Pamela Shamshiri et Roman Alonso, deux des quatre membres de Commune. Ensemble, ils ont teinté d’esprit le Ace Hôtel de Palm Springs, et ouvriront dans les prochains jours celui situé Downtown L.A. Aujourd’hui, ils marquent une pause avec ce singulier projet, celui de cete maison qu’ils ont découverte avec des yeux d’enfants émerveillés. Ils y ont distillé leur touche historiée et inspirée, jusque dans les moindres détails. Nul doute que les fantômes des Schaffer doivent se plaire dans cet univers qui semble avoir toujours existé. Pour l’heure, nous aussi y sommes bien, réunis à l’ombre de ce chêne californien devenu immense.

Dans le coin musique du salon, une chaise longue vintage Grasshopper de Preben Fabricius et Jorgen Kastholm (C Project), avec ses coussins réalisés à partir de kilims anciens (Commune). Lampe sur pied Dombasli (JF Chen) et guéridon en bois Alma Allen (Commune). Les points forts Le MéLange des styLes et des éPoques.

Dans la chambre principale, un lit de repos double de Charlotte Perriand (Galerie Half), avec sa couverture et ses coussins (Commune) trône sur un tapis en mouton (C Project). Côté bureau, une chaise vintage de Jacobsen (Galerie Half), un vase en céramique (Lily Lodge) et une lampe de bureau recouverte d’une peau de lézard (JF Chen). Composition florale Lily Lodge, West Hollywood.